sábado, 10 de abril de 2010

La rose

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusque au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

Pierre de Ronsard (1524-1585)

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